La descente de la montagne
Le premier chapitre d’un roman philosophique.
Chapitre UN : AURORE.
Vers six heures du matin, là où les deux mondes se confondaient dans une égale obscurité, bien qu’il fût encore insensible, un invisible feu redessinait l’horizon effacé par la nuit.
Derrière le rideau noir, l’aube travaillait en secret à la résurrection de la terre et des cieux. Son obscure gésine s’apprêtait à leur rendre des identités englouties, à raviver des éclats qui n’avaient subsisté que dans le scintillement de la voûte étoilée, n’étaient restés attachés qu’à la couverte des prés, qu’au duvet des herbes givrées, aux branches pâles des forêts.