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Calligraphie

En quête de la vie du trait

La recherche
du temps perdu

textes de Marcel Proust

La recherche du temps perdu

textes de Marcel Proust

Si libres, si flexibles, si tactiles

 
 

Elle avait appris dans sa jeunesse à caresser les phrases au long col sinueux et démesuré de Chopin, si libres, si flexibles, si tactiles, qui commencent par essayer et chercher leur place au dehors et bien loin de la direction de leur départ, bien loin du point où on avait pu espérer quʼatteindrait leur attouchement, et qui ne se jouent dans cet écart de fantaisie que pour revenir plus délibérément – dʼun retour plus prémédité, avec plus de précision, comme sur un cristal qui résonnerait jusquʼà faire crier – vous frapper au cœur.

Marcel PROUST, Du côté de chez Swann

 

Un clavier incommensurable

 
 

La vraie variété est dans cette plénitude dʼéléments réels et inattendus, dans le rameau chargé de fleurs bleues qui sʼélance contre toute attente, de la haie printanière qui semblait déjà comble, tandis que lʼimitation purement formelle de la variété (et on pourrait raisonner de même pour toutes les autres qualités du style) nʼest que vide et uniformité, cʼest-à-dire ce qui est le plus opposé à la variété, et ne peut chez les imitateurs en donner lʼillusion et en rappeler le souvenir que pour celui qui ne lʼa pas comprise chez les maîtres.

Marcel PROUST, A lʼombre des jeunes filles en fleurs

 

La vraie variété

 
 

…le champ ouvert au musicien nʼest pas un clavier mesquin de sept notes, mais un clavier incommensurable, encore presque tout entier inconnu, où seulement çà et là, séparées par dʼépaisses ténèbres inexplorées, quelques-unes des millions de touches de tendresse, de passion, de courage, de sérénité, qui le composent, chacune aussi différente des autres quʼun univers dʼun autre univers, ont été découvertes par quelques grands artistes qui nous rendent le service, en éveillant en nous le correspondant du thème quʼils ont trouvé, de nous montrer quelle richesse, quelle variété, cache à notre insu cette grande nuit impénétrée et décourageante de notre âme que nous prenons pour du vide et pour du néant.

Marcel PROUST, Du côté de chez Swann

 

Le tronc d'un arbre lointain

 
 

Je fixais indéfiniment le tronc dʼun arbre lointain, de derrière lequel elle allait surgir et venir à moi, lʼhorizon scruté restait désert, la nuit tombait, cʼétait sans espoir que mon attention sʼattachait, comme pour aspirer les créatures quʼil pouvait recéler, à ce sol stérile, à cette terre épuisée ; et ce nʼétait plus dʼallégresse cʼétait de rage que je frappais les arbres du bois de Roussainville dʼentre lesquels ne sortait pas plus dʼêtres vivants que sʼils eussent été des arbres peints sur la toile dʼun panorama, quand, ne pouvant me résigner à rentrer à la maison avant dʼavoir serré dans mes bras la femme que jʼavais tant désirée, jʼétais pourtant obligé de reprendre le chemin de Combray en mʼavouant à moi-même quʼétait de moins en moins probable le hasard qui lʼeut mise sur mon chemin. Et sʼy fût-elle trouvée, dʼailleurs, eussé-je osé lui parler ?

Marcel PROUST, Du côté de chez Swann

 
La voix des pins

anthologie de poèmes taoïstes

La voix des pins

anthologie de poèmes taoïstes

Libre et sans traces

 
 

Au murmure du paysage naît une fraîcheur
Qui lave les bois de ma vallée :
Galop des fumées par la porte du ravin,
Spirales de brumes après les piliers des cimes.

Elle va libre et sans traces
Comme le mouvement de la vie.
Chute du soleil, paix du paysage,
La voix des pins s’éveille.

Wang Po (647-675)

 

L'esprit du dragon

 
 

Le chevalier n’est pas de notre monde.
Il se nourrit librement de brumes roses.
Son corps se dissout au gel de l’esprit,
Sa parole dit le silence de l’Immortel.

Ennemi du commun, il fuit la multitude ;
Ami des solitaires, il cherche la montagne.
Si parfois se déchirent les ailes du phénix,
Nul ne peut dompter l’esprit du dragon !

Yen Yen-Tche (384-456)

 
Calligraphy

A propos de mes calligraphies

L'esprit du geste

Moins réputée que les calligraphies arabe et asiatique, la calligraphie latine est l’art de la belle écriture tel qu’il s’est développé en Europe sur la base de l’alphabet latin, d’où l’appellation de « latine ». La raison de cette moindre popularité est sans doute à rechercher du côté de la jeunesse de cette tradition artistique. Bien que la calligraphie européenne prémoderne ne manque pas de beauté (notamment par les merveilles de sa tradition de l’enluminure), la calligraphie latine n’est devenue un Art à part entière qu’assez récemment…

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