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Hommage au maître

Pour un peintre, rendre hommage à un maître, c’est s’inscrire dans une tradition, s’affilier à une lignée, se mettre en capacité d’hériter. A un demi-siècle d’écart, Manet et Picasso ont pris pour maître Vélasquez ; Cézanne s’est rattaché à Poussin ; Van Gogh a trouvé son inspiration chez Millet… Quant à moi, j’ai choisi Le Greco. Les raisons de ce choix ne m’ont pas toutes été d’emblée très claires. Avant que, d’étude en étude, crayons et pinceaux en main, j’ai peu à peu éclairci la nature de cette affinité, la peinture du Greco a longtemps exercé sur moi un attrait aussi puissant que mystérieux.

Davantage, en dépit de dizaines d’années d’études, malgré le nombre et la diversité de mes interprétations, le mystère de cette fascination ne s’est jamais vraiment épuisé. La peinture du Greco continue d’exercer sur moi un charme ineffable, de receler un secret insondable, qui me laissent penser que, bien qu’il nourrisse ma création, le fond de cette sorte de grâce est voué à demeurer impénétrable. Plus profondément, cela me donne à méditer ce paradoxe que, bien que l’imitation des maîtres soit pour le peintre une voie royale dans la maîtrise de son art, au fond, dans son infinie générosité, le maître demeure inimitable.

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